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Discours de Céline Geissmann pour le meeting de la liste “Réveiller l’Europe” menée par Raphaël Glucksmann à Besançon




Chers amis, chers camarades,


C’est un plaisir pour moi d’être de retour à Besançon où j’ai eu la chance d’y travailler.

Au-delà de l’excellent Comté et des balades dans le Doubs le weekend, je garde en mémoire la gentillesse des Francs-Comtois que j’ai pu retrouver déjà cette après-midi lors de nos visites. Merci Myriam, Arnaud, Luc, Jean-Sébastien pour ce fabuleux accueil.


En effet, depuis plusieurs heures avec toute l’équipe de campagne, j’ai le plaisir de parcourir Besançon et d’y respirer l’air de cette ville qui a vu naître Victor Hugo !


Et oui, impossible de venir aujourd’hui, en voisine strasbourgeoise, sans vous parler de Victor Hugo. Lui qui est né au 140 de la Grande Rue, à quelques centaines de mètres d'ici ! du Kursaal ! 


Le 23 août prochain, le discours inaugural de Victor Hugo au Congrès des amis de la Paix universelle fêtera ses 175 ans. C’est l’un des textes les plus marquants de l’histoire de l’idée européenne. C’est dans ce discours où il aspire à créer les « Etats-Unis d’Europe ». 

Incroyable idée, incroyable rêve. Il déclarait alors visionnaire : « Un jour viendra où vous France, vous Russie, vous Italie, vous Angleterre, vous Allemagne, vous toutes les nations du continent, sans perdre vos qualités distinctes et votre glorieuse individualité, vous vous fondrez étroitement dans une unité supérieure, et vous constituerez la fraternité européenne »

La fraternité européenne, c’est le rêve que nous voulons réaliser. Victor Hugo poursuit :

« Un jour viendra où les boulets et les bombes seront remplacés par les votes, par le suffrage universel des peuples, par le vénérable arbitrage d'un grand Sénat souverain qui sera à l'Europe ce que le parlement est à l'Angleterre, ce que la diète est à l'Allemagne, ce que l'Assemblée législative est à la France ! ».


Ce jour est venu. Aujourd’hui, nous toutes et tous, sommes réunis pour élire ce Parlement européen que Victor Hugo appelait de ses vœux. Ensemble, ici, nous allons voter et faire voter le 9 juin prochain pour désigner nos représentants au Parlement européen ! 


Et on enverra des députés fidèles à la pensée de Victor Hugo qui rejoindront ce Parlement. Ils s’appellent Raphaël, Aurore, Pierre, Violaine, Stéphane, parmi tant d’autres.  Eux aussi ils sont appelés à construire les États-Unis d’Europe pour qu'un jour nous puissions dire : 

“Vous, Ukrainiens, vous, Moldaves, vous, Géorgiens, vous, Bosniens et Serbes, vous, Macédoniens et Monténégrins, vous avez rejoint la grande Assemblée européenne pour partager la démocratie que nous avons en commun, pour incarner notre fraternité européenne !” Voilà le rêve que je formule pour les prochaines années ! Une Europe qui se donne les moyens de réaliser le rêve européen de Victor Hugo, pour réaliser NOTRE rêve européen !


Ce rêve européen doit continuer à nous guider et passe nécessairement par la réforme des traités, j’y reviendrai. 


Vous l’aurez compris, en étant ici, à Besançon ce soir, Victor Hugo nous inspire. Lui qui s’est battu pour l’humanisme, la justice sociale, la liberté, la démocratie. Lui qui s’est aussi battu contre les dictateurs et les plébiscites, pastiches de démocratie. Nous voulons comme lui non pas des hommes forts, mais des parlements forts, parce que nous croyons à la force de la démocratie, à la force du collectif, plutôt qu’à l'idolâtrie des hommes providentiels. 


La France est malade de ses hommes providentiels, à l’Elysée comme au Rassemblement national. L’Europe est aujourd'hui malade de ces autocrates comme en Hongrie, de ses dictateurs comme en Russie. Comme Victor Hugo, nous devons lutter contre ces hommes ou ces femmes et leurs alliés en Europe. 


Les empires ne sont pas morts, ils attaquent aujourd'hui nos démocraties, ils attaquent le rêve de Victor Hugo. Alors défendons nos démocraties, renforçons encore notre démocratie européenne face aux empires qui veulent asservir les peuples libres d’Europe, et en premier lieu soutenons nos soeurs et frères urkaininens. Ne soyons plus naïfs ! Réveillons l’Europe !

Car si nous pouvons nous réjouir que notre liste est aujourd’hui en 3e position dans les sondages à deux points de celle de la majorité présidentielle et que nous ferons tout pour démontrer que nous sommes l'équipe sur laquelle il faut miser pour construire l’Europe,  cela ne doit pas nous faire oublier que les partis d’ extrêmes droites caracolent en tête des intentions de vote. 


Malheureusement l’extrême droite en tête n’est pas un phénomène nouveau. Je me souviens déjà en 2014, lors de la première fois où j’ai pu voter pour cette élection, la liste conduite par Marine Le Pen arrivait en tête avec 25% des voix.


C’est cette électrochoc qui m’avait donné envie de me battre et de m’engager pour cette Europe humaniste et solidaire à l’opposé de ce que porte l’extrême droite.


Il est d’ailleurs intéressant de noter qu’à cette époque la liste de Marine Le Pen s’appelait “Non à Bruxelles, oui à la France” alors que celle de Jordan Bardella aujourd'hui s’appelle “La France revient l’Europe revit”. Les candidats du Rassemblement national ont changé de mots, mais détrompez vous, ils n’ont pas changé de programme. Ce changement sémantique ne doit en rien nous berner.  Si les mots ont changé, le logiciel de haine et de repli sur soi est le même. C’est en cela que l’extrême droite en France et en Europe est encore plus pernicieuse.


Vous en savez quelque chose, ici, en Franche-Comté. Dans une région qui compte 5 députés RN. Dans un département la Haute-Saône, qui a envoyé que des députés du Rassemblement National pour les représenter. Vous connaissez le vrai visage de ces élus et qu’il faut les combattre sans relâche. 


Alors que l’extrême droite nationaliste souhaite une concurrence exacerbée entre les nations européennes et conçoit la société comme en proie aux conflits identitaires, nous voulons cultiver la paix sociale, réduire les inégalités, nous voulons une harmonisation fiscale pour mettre fin au dumping entre les États et pour plus de justice sociale.


Alors que l’extrême droite détourne les agriculteurs de la seule vraie lutte en brandissant le poulet ukrainien ou en critiquant les normes européennes, nous voulons une agriculture rémunératrice et qui préserve la terre pour les générations futures.


Alors que l’extrême droite en Italie veut revenir sur le droit à l’avortement, nous voulons l’inscrire dans la charte européenne des droits fondamentaux.


Alors que l’extrême droite multiplie les compromissions à l’égard du régime de Vladimir Poutine, nous voulons la victoire de l’Ukraine et son entrée dans l’Union européenne.

Alors que l’extrême droite en Europe veut moins d’Europe, nous voulons plus d’Europe pour protéger les citoyens européens. 


Contrairement aux nationalistes identitaires, nous aimons profondément l’Europe, et c’est parce que nous aimons l’Europe que nous voulons un changement radical.


Alors on va nous dire que nous ne sommes pas les seuls et que Emmanuel Macron aussi se bat pour l’Europe et contre l’extrême droite, enfin du moins c’est ce qu’il nous promettait car comme beaucoup d’entre nous, j’ai voté en 2017 et en 2022 pour Emmanuel Macron au deuxième tour de l’élection présidentielle. Moi aussi j’ai entendu ces mots “Vous m’avez élu pour faire barrage à l’extrême droite. Ce vote m’oblige”. 


Mais ça, c’était avant.  Avant que le parti présidentiel fasse reculer nos acquis sociaux avec la réforme des retraites et tente en vain de combattre la protection des travailleurs des plateformes au niveau européen. Avant le Pacte asile et migration. Avant la loi immigration et sa préférence nationale. On ne combat pas l'extrême droite en reprenant ses idées.


Alors évidemment je voterai toujours pour le candidat face à l’extrême droite pour préserver notre démocratie, mais une chose est sûre maintenant, ce ne sont pas les macronistes qui lui feront barrage et la feront reculer, c’est nous, // C’est nous, le Parti socialiste et Place Publique qui la combattons et apportons des réponses concrètes aux citoyens. C’est nous, le 9 juin prochain qui défieront le Rassemblement National et ne cesseront jamais de réellement le combattre. 


Alors que le RN est dans l’imposture et Renaissance dans la demi-mesure, seule la liste portée par Raphaël Glucksmann est en mesure de faire progresser l’Europe dans ce changement radical dont elle a besoin. Nous ne baisserons jamais la garde face aux extrêmes et aux égoïsmes nationaux. 


Pour endiguer la progression des mouvements d’extrême droite en Europe, il n’y a pas de recette miracle. Nous devons redonner force et espoir dans le projet européen en démontrant que l’Europe est la seule à même de nous protéger dans ce monde globalisé face aux puissances de la Chine, de la Russie ou des Etats-Unis qui seront peut-être malheureusement à nouveau dirigés par Donald Trump.


Nous avons besoin d’une Europe puissante et donc nous devons créer les conditions de cette puissance. 

Puissance écologique avec des normes pour protéger notre alimentation, notre biodiversité, notre eau ou notre air, car le changement climatique ne s’arrête pas au frontière de la France et que l’Europe est le seul échelon pertinent pour faire plier tous les autres Etats qui souhaitent échanger avec nous.

Puissance sociale, pour assurer des droits à tous les travailleurs européens, ne pas tomber dans le dumping social délétère entre les Etats nations et assurer une juste répartition des richesses en taxant les super profits.

Puissance industrielle, pour retrouver notre industrie des biens de première nécessité, être en pointe de l’innovation et assurer des emplois de qualité pour toutes et tous. Mais aussi une industrie de défense car nous ne pouvons fermer  les yeux face à la guerre qui se déroule en Ukraine et qui est aussi la nôtre aussi bien pour protéger les citoyens européens que nos valeurs.


Si dans toute l’Europe les mouvements d’extrême droite progressent c’est aussi parce que nous devons donner un nouveau souffle à nos démocraties. Nous devons remettre les citoyens au cœur du débat démocratique avec plus de parlementarisme et de transparence. 

Les électeurs nous demandent du courage et de la détermination.  Nous l’avons. La question n’est plus de savoir qui est pro-européen ou qui ne l’est pas, mais quelle Europe nous voulons avant qu’il ne soit trop tard. Trop longtemps, une génération de pro-européens mous et attentistes se sont contentés du statu quo en pensant que l’extrême droite se résorberait grâce à l’Europe des petits pas.


Nous savons aujourd’hui que c’est faux et que seul un saut qualitatif pour une Europe puissante nous permettra de changer cette trajectoire. Faisons ce saut fédéral !


Cela passe par un changement des traités pour redéfinir le projet européen avec les citoyens. Pour permettre au Parlement européen d’avoir l’initiative législative comme c’est le cas dans quasiment tous les parlements au monde, pour avoir des listes transnationales lors de l’élection européenne afin de donner du corp à cette idée du service public européen, pour permettre l’élargissement de l’Union européenne car si les institutions ne fonctionnent pas bien à 27 alors imaginer à 33, pour abolir le droit de veto au Conseil de l’Union européenne qui permet à des Etats comme la Hongrie de faire du chantage sur le sort de nos amis ukrainiens. 


Réformer les traités n’est pas une lubie de constitutionnalistes, c’est une condition sine qua none pour réussir à construire cette Europe puissante, universaliste et démocratique capable de répondre aux grands défis de notre époque. 


Les risques et les obstacles auxquels les Européens sont confrontés sont communs. Les réponses ne peuvent être ni dans une attitude nationaliste ni dans le maintien du statu quo d'une gouvernance intergouvernementale inefficace, qui nourrit la défiance de l'électorat.

Cette élection européenne est décisive car il s’agit de la survie de notre démocratie et du projet européen.


Je conclurai avec une phrase d’Ursula Hirschmann : « Nous devons penser et planifier une Europe unie comme si chaque jour il était possible de la créer immédiatement, rejetant la lassitude de ceux qui la renvoient toujours à demain. Le possible, s’il est vraiment possible, nous pouvons commencer à le réaliser aujourd’hui.”


Soyons à la hauteur de ce moment !

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