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L’expulsion n’est jamais la solution - Réaction de Céline Geissmann suite à l’expulsion du bidonville de Cronenbourg par l’EMS

Dernière mise à jour : 26 mai 2024

Courrier de Céline Geissmann à la Présidente de l'Eurométropole de Strasbourg suite à l'expulsion du bidonville de Cronenbourg




 

Madame la Présidente,


Hier, 16 avril, quelques hommes étaient présents au palais de justice pour se défendre face à une menace d’expulsion du bidonville de Cronenbourg. Ils ont eu quatre jours pour préparer leur défense. Quatre jours parce que vous, l’Eurométropole, avez demandé une procédure expéditive pour cette expulsion, utilisant d’ailleurs un référé d'heure à heure prévu exclusivement pour les cas d’extrême urgence. Une procédure incompréhensible, injuste, tout simplement scandaleuse qui semble en passe de se retourner contre votre immobilisme sur ce dossier.


En effet, face à cette procédure d’extrême urgence, le juge des référés a donné quinze jours avant d’examiner la demande d’expulsion. On le comprend. Car on peut se demander où est l’urgence à expulser ce site où vivaient, avant vendredi encore, de nombreuses  familles avec enfants depuis près de deux ans ? Où est l’urgence à expulser ce site qui devait être résorbé par l’intervention de travailleurs sociaux tant attendus et qui semblaient enfin être présents depuis décembre dernier ?


Une nouvelle audience est donc prévue le 7 mai. Le juge vous a sommé d’avoir un plan d’hébergement adapté d’ici là. L’urgence change de camp. C’est maintenant à l’Eurométropole de trouver une solution, et vite.


Votre avocat a évoqué un projet d’un établissement provisoire d’insertion rue des Remparts qui serait prêt d’ici juin. Seul problème, rien ne semble encore lancé alors que je vous alerte, depuis des mois vous sommant de ne pas rester inactifs face à cette situation !


Soucieuse de trouver une solution concrète, j’ai même proposé, en septembre dernier, à des associations et élus de la majorité de venir étudier le modèle montpelliérain de résorption sociale des bidonvilles. Cette visite a eu lieu le 7 septembre dernier, il y a plus de 7 mois ! Floriane Varieras, adjointe à la Maire de Strasbourg en charge de la ville inclusive y a participé, presque rien n’a bougé depuis.


Alors qu’à Montpellier, dans moins d’une semaine, fermera un village de transition qui a accompagné la résorption d’un bidonville de plus de 250 personnes en moins de deux ans, à Strasbourg, pour une population quatre fois moins importante presque rien n’a été fait en quasiment deux ans.


L’urgence est là, elle n’est pas dans l’expulsion du bidonville. Il faut agir maintenant. Et si un établissement provisoire d’insertion rue des Remparts doit ouvrir, il faut prévoir dès maintenant ses conditions de réussite.


A titre d’exemple, à Montpellier, un accompagnement personnalisé a été proposé au sein d’un village de transition : pour scolariser les enfants, accompagner les habitants à apprendre le français, les aider dans leurs démarches administratives et sociales et les accompagner dans leurs recherches d’emploi. Grâce à ces démarches, beaucoup d’entre eux ont réussi à obtenir un emploi pérenne et ont, aujourd’hui, trouvé un logement durable.


Cette méthode du village de transition a fait ses preuves, c’est exactement ce qu’a dit le juge des référés dans sa décision. A contrario démanteler un bidonville sans village de transition, c’est s’assurer qu’un nouveau bidonville verra le jour. Il fragilisera les quelques repères que les habitants ont réussi à se créer, en près de deux ans, et sapera une partie du travail réalisé par les associations à leurs côtés. En aucun cas, cela ne résout le problème, ça ne fait que le déplacer, ce n’est plus à démontrer.


Face à cette situation, l’expulsion ne peut pas, ne doit pas être la solution. Seule une résorption accompagnée d’un travail social en profondeur peut permettre d’accompagner l’intégration des habitants du bidonville. Je vous demande donc de renoncer à demander l’expulsion du bidonville et de communiquer aux élus de la métropole le diagnostic présenté par l’association Trajectoire ainsi que des informations sur « l’espace transitoire d’insertion ».


Cet espace devra aussi être proposé aux familles qui ont déjà fui depuis vendredi inquiètes par cette procédure d’expulsion qui aurait pu confisquer le peu de biens qu’ils ont.


Strasbourg, capitale des droits humains, ne peut pas prendre le risque d’être à nouveau condamnée pour atteinte grave à la dignité humaine.


Vous priant d’agréer, Madame la présidente, l’expression de ma considération distinguée.


Céline Geissmann

Conseillère eurométropolitaine du groupe « pour une Eurométropole des solidarités, juste et durable, élu.e.s socialistes et républicains »

 

 

 


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